La semaine dernière, toute l’équipe Digital Artness était à Paris, à la Fondation Fiminco, pour la 3ᵉ édition des Swello Days. C’était notre deuxième participation à cet événement social media incontournable 😌

Comme toujours, c’est une belle occasion de prendre du recul sur nos pratiques, de découvrir, d’apprendre et d’élargir nos perspectives.

Et comme on aime partager, on vous débriefe les conférences et nos principaux enseignements juste ici 👇

 

JO 2024 : replonger dans les émotions des Jeux

La journée a commencé très fort avec l’intervention de Julien Fritsch, Social Media Expert pour Paris 2024.

En quelques minutes, il nous a replongés dans les émotions de cet été : celles vécues derrière nos écrans, sur nos réseaux et pour les plus chanceux … en direct.

Ce qu’on a découvert, c’est à quel point ces Jeux ont marqué un tournant.

En cent ans d’Olympisme, c’était la première édition où les réseaux sociaux jouaient un rôle véritablement central. Les JO de 2016 avaient amorcé le mouvement avec Instagram, mais rien n’était comparable à l’ampleur de 2024. D’ailleurs, cinq années complètes de préparation ont été nécessaires avant même de pouvoir déployer la stratégie social media.

Cette stratégie reposait sur six intentions fortes : montrer le sport dans la ville, célébrer, partager une vraie fan experience, ouvrir les Jeux au plus grand nombre, soutenir les objectifs commerciaux et engager durablement les audiences.

Pour se différencier des médias, un choix clair a été fait : proposer des images uniques, jamais issues de banques comme Getty. Tout avait été anticipé. Les équipes avaient travaillé en amont pour savoir où se placer, quand déclencher, et comment raconter l’instant plutôt que simplement le documenter.

Les chiffres donnent le vertige : plus de 11 500 posts publiés sur dix plateformes différentes, 2,5 milliards d’impressions, un taux d’engagement exceptionnel de 7 % dont 90 % d’organique, et une communauté qui dépasse les 8 millions d’abonnés. Et malgré cette ampleur, tout n’a volontairement pas été couvert pour éviter les biais éditoriaux.

Un ton unique a guidé l’ensemble : mettre la France en lumière, oui, mais sans oublier les athlètes internationaux qui font aussi l’histoire des Jeux. Une stratégie de crosspost a permis d’associer d’autres partenaires au récit, même si l’essentiel du travail restait géré en interne.

Derrière cette machine parfaitement orchestrée, on retrouve 27 talents : pilotes, experts, community managers (intégrés seulement un mois avant !), photographes, modérateurs et graphistes. Leur mission était de produire un récit quotidien d’une richesse impressionnante, avec parfois un post toutes les deux minutes.

Chaque journée suivait d’ailleurs une véritable ligne éditoriale, du Morning Paris aux programmes graphiques, des focus fans ou sports aux séries photos, des alertes médailles aux éditions en direct, sans oublier les immersions coulisses, les enjeux sportifs, les suivis des familles d’athlètes à l’étranger ou encore les cartes blanches données à certains photographes.

Ce qui nous a le plus marquées, c’est l’immensité du travail invisible.

Derrière une simple photo qui crée l’émotion se cachent parfois des mois de préparation, de réflexion, de narration. Rien n’était laissé au hasard. Chaque publication avait une intention, un sens, une place dans l’histoire globale des Jeux.

Ce retour d’expérience nous rappelle une vérité essentielle : ce qui performe ne doit rien à la chance.

La créativité s’appuie toujours sur une rigueur discrète, sur une préparation que personne ne voit.

Et même à notre échelle, c’est exactement ce qui fait toute la différence.

 

Table ronde de l’influence : créer, oui, mais avec sens

La matinée s’est poursuivie avec une table ronde consacrée à l’influence, réunissant Kim Lewin et Nicolas Stajic.

Un échange plus intimiste, loin des paillettes souvent associées aux réseaux, qui a mis en lumière une réalité trop souvent oubliée : l’influence ne se construit ni sur les tendances, ni sur les algorithmes, mais sur la passion, la régularité et surtout, la sincérité.

Ce qu’on retient de cet échange, c’est que l’influence n’est jamais un objectif en soi. Vouloir « devenir influenceur » à tout prix mène presque toujours à l’essoufflement. À l’inverse, celles et ceux qui durent sont ceux qui créent parce qu’ils ont quelque chose à dire, à transmettre, à partager. L’authenticité n’est pas un positionnement : c’est le moteur.

Pour autant, l’influence est aujourd’hui un métier à part entière. Un métier qui exige rigueur, organisation, vision long terme et capacité à se professionnaliser sans perdre son âme.

Les réseaux sociaux ne sont donc pas une finalité, mais un levier. Une audience, lorsqu’elle est construite avec sincérité, devient un véritable atout : elle permet de valoriser un savoir-faire, de porter des projets, de créer des opportunités… et, parfois, de sécuriser l’avenir.

 

Créer du contenu sans s’épuiser avec BastiUI

Avec l’intervention de Basti UI, on est passé de la théorie à la pratique. Designer UX/UI et créateur de contenu, il nous a montré comment intégrer la création de contenu directement dans son quotidien professionnel, sans y laisser toute son énergie.

Sa méthode est simple et redoutablement efficace : plutôt que de « créer pour créer », il documente. Ses projets, ses processus, ses réflexions.

C’est ce qu’il appelle le Teletralive : travailler en direct sur des projets clients, via des lives Twitch, et faire du travail en cours un contenu à part entière.

Cette approche rappelle une évidence souvent oubliée : le contenu le plus pertinent existe déjà sous nos yeux. Il suffit de le capter, de le raconter et de le partager. En valorisant ce qu’il fait au quotidien, Basti gagne du temps, garde une cohérence dans ses prises de parole et produit des contenus à la fois authentiques et utiles pour sa communauté.

Maintenant, il n’a même plus besoin de chercher des clients, puisqu’ils viennent à lui pour apparaître sans ses lives 😉

Pendant sa présentation, il a aussi partagé plusieurs astuces sur Figma pour accélérer et simplifier la création de ses supports. Des démonstrations pensées pour optimiser chaque minute passée en production. Autant dire qu’il nous a donné envie d’aller explorer Figma, même si, on l’avoue, on reste toujours fidèles à Canva.

 

Santé mentale : un enjeu central dans nos métiers

Pour cette 3ᵉ édition des Swello Days, nous avons retrouvé Thibaud Dumas. L’an dernier, il nous avait parlé de déconnexion.

Cette fois, il a abordé un sujet plus large et surtout essentielle : la santé mentale.

Docteur en neurosciences, il a partagé un constat difficile à entendre : aujourd’hui, une personne sur deux aurait déjà traversé un burnout ou une fatigue professionnelle intense au cours de sa carrière. Un chiffre alarmant, qui résonne particulièrement dans nos métiers du digital, où l’hyperconnexion et le multitasking sont devenus la norme.

Les coûts liés à la santé mentale dépasse désormais ceux de nombreuses pathologies physiques. À l’échelle mondiale, ils sont estimés à près de 6 000 milliards de dollars. Mais, derrière ces données, il y a surtout une réalité que beaucoup vivent au quotidien : des notifications incessantes, des interruptions continues, une charge mentale élevée et sentiment diffus de devoir être partout, tout le temps.

Chaque distraction impose un effort au cerveau : inhiber, se reconcentrer, repartir. À long terme, cette surcharge cognitive finit par laisser des traces.

 

Pour prévenir plutôt que réparer, Thibaud Dumas a rappelé les 4 fondations indispensables à notre équilibre.

  1. L’alimentation, d’abord, qui agit directement sur notre humeur et notre énergie : une mauvaise hygiène alimentaire augmente fortement les risques de dépression.
  2. L’activité physique ensuite, véritable antidépresseur naturel, car elle stimule la production de neurones et favorise l’équilibre émotionnel, à condition d’être pratiquée régulièrement.
  3. Le sommeil, ce pilier trop souvent sacrifié : entre sept et neuf heures par nuit, non négociables, car aucune sieste ne compense une dette chronique.
  4. Enfin, les relations sociales, mises à mal par nos modes de vie ultra-connectés, mais pourtant vitales : créer du lien, du vrai, reste l’un des meilleurs remparts contre les fragilités mentales. C’est d’ailleurs tout le paradoxe de notre époque : jamais aussi connectés et pourtant de plus en plus seuls. 

Cette intervention nous a rappelé une chose essentielle : la performance n’existe pas sans équilibre. Alors qu’on valorise la productivité, la visibilité et la réactivité, apprendre à se préserver n’est pas un luxe. C’est une nécessité.

Pour durer, pour créer, pour entreprendre, il faut d’abord prendre soin de soi.

 

La table ronde éthique : rester aligné dans un monde ultra-exposé

La seconde table ronde de la journée portait sur un sujet aussi sensible qu’indispensable : l’éthique dans l’influence. Animée par Lauriane Le Texier et Mamadou Dembele (The impact Story), elle a ouvert un véritable espace de réflexion sur la place de l’engagement aujourd’hui, dans un écosystème où chaque prise de parole est observée, disséquée et parfois détournée.

Un concepts a particulièrement retenu notre attention : celui de la “pureté militante”. Cette tendance à traquer la moindre incohérence pour décrédibiliser une personne ou un message.

Dans ce climat, beaucoup de créateurs finissent par s’autocensurer, par peur du bad buzz ou du tribunal public. La pression du jugement permanent étouffe peu à peu la sincérité.

Ce qui s’est imposé au fil de l’échange, c’est l’idée que la perfection est un mirage. En revanche, l’alignement est une direction possible et nécessaire.

Rester aligné avec ses valeurs, son intention, sa communauté, sa ligne éditoriale.

Ne pas s’engager pour cocher une case ou suivre une tendance, mais parce que cela a du sens.

À une époque où tout peut être amplifié, sorti de son contexte ou mal interprété, ce rappel est important. L’éthique ne se joue pas dans l’image irréprochable, mais dans la cohérence sur la durée. Une parole imparfaite mais sincère aura toujours plus de poids qu’un discours lisse dicté par la peur.

 

IA : outil d’amplification ou béquille intellectuelle ?

Avec l’intervention de Micode, le sujet de l’intelligence artificielle a été abordé sans fantasmes ni discours alarmistes. Juste avec lucidité. L’IA n’est plus une projection futuriste : elle fait déjà partie de nos usages quotidiens, au même titre que Google ou le GPS il y a quelques années.

La question n’est donc plus de savoir si elle va transformer nos métiers, mais comment nous allons choisir de l’utiliser.

La conférence s’est articulée autour d’une question volontairement provocante : ChatGPT va-t-il nous rendre stupides ?

La réponse évidemment, est plus nuancée qu’un simple oui ou non.

Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Utilisée avec méthode, recul et esprit critique, l’IA devient un formidable amplificateur : elle accélère, structure, ouvre de nouvelles pistes et permet de gagner en efficacité sans sacrifier la réflexion.

Mais utilisée comme un raccourci permanent, elle peut au contraire appauvrir la réflexion, lisser la créativité et installer une forme de dépendance intellectuelle.

Un point essentiel a émergé : l’IA ne créent pas seulement des inégalités d’accès, mais surtout des inégalités de discipline, de méthode et de pensée critique. Ceux qui sauront questionner, cadrer, nourrir et challenger l’IA en tireront un avantage considérable.

Les autres risquent de simplement consommer des réponses sans jamais développer leur propre raisonnement.

Au fond, la question n’est donc pas de savoir si l’IA va nous rendre stupides, mais, est-ce que nous allons choisir de le devenir ?

 

Employee advocacy : la puissance de la voix des collaborateurs

La journée s’est clôturée avec l’intervention de Jonathan Noble, CEO de Swello et organisateur de l’événement, autour d’un sujet devenu stratégique pour les marques : l’employee advocacy.

Il nous a rappelé une évidence que beaucoup d’entreprises sous-estiment encore : aujourd’hui, ce sont les prises de parole individuelles qui génèrent le plus d’engagement et de crédibilité, bien plus que les publications des pages entreprises.

Sur LinkedIn notamment, la voix d’un collaborateur porte plus loin, touche plus juste et inspire davantage confiance. Pourtant, peu d’organisations disposent d’un programme structuré.

Ce qui ressort avant tout, c’est que l’employee advocacy ne s’impose pas. Elle se construit et s’accompagne.

Il ne s’agit pas de transformer les équipes en relais marketing forcés, mais de leur offrir un cadre, des outils, de la méthode et surtout de la liberté.

Former, inspirer, proposer des idées de contenus, faciliter la prise de parole, tout en respectant les sensibilités de chacun.

Car aujourd’hui, les collaborateurs sont bien plus que des salariés : ils sont devenus l’un des premiers leviers de visibilité, de crédibilité et de confiance pour les marques.

Et quand la parole est authentique, elle fait toute la différence.

 

Conclusion – Swello Days 2025

Cette 3ème édition des Swello Days a mis en lumière un vrai changement : les réseaux sociaux ne sont plus dans l’ère du “faire plus”. Ils entre dans une phrase où la qualité, le sens et l’intention du contenu prennent le dessus.

La surproduction ne fonctionne plus.

Dans ces espaces en ligne saturés et automatisés, la vraie différence se fait désormais sur la pertinence et pas sur le volume. Elle se fait chez celles et ceux qui savent pourquoi ils créent, qui utilisent les outils avec maîtrise, qui prennent le temps de réfléchir avant d’agir.

L’avantage n’est plus technologique, il est humain. De notre capacité à rester cohérents, lucides, alignés avec nos valeurs et nos messages.

Demain, performer ne signifiera pas publier plus. Ce sera publier mieux : avec intention, avec sens et avec sincérité.